Étant moi-même Burkinabè, né et grandi au pays des hommes intègres, je me suis toujours posé cette question. Qui sommes-nous réellement ? Qu’est-ce qui fait de nous ce que nous sommes ? Pourquoi sommes-nous si réservés, voire mystérieux aux yeux des autres ?
Quand j’ai commencé à rencontrer d’autres personnes d’autres nationalités à Ouagadougou, ce qui m’a le plus frappé est leur facilité à s’intégrer rapidement. Au bout de quelques mois après leur arrivée, ces derniers connaissaient déjà tous les coins et recoins de leurs quartiers et avaient même déjà sympathisé avec leurs voisins de quartier. Alors que d’autres Burkinabè qui s’installaient dans le même quartier, hormis le boutiquier du quartier et leurs voisins immédiats, ne savaient pas encore quel était le numéro du lot sur lequel ils habitaient. Ce phénomène m’a toujours intrigué, d’autant plus que je me reconnaissais plus en celui qui prenait son temps, qu’à l’autre. Mais paradoxalement, j’ai toujours admiré ces étrangers qui s'approprient leurs quartiers, et y vivaient comme s’ils y étaient depuis toujours.
Un proverbe moaaga dit : “gûus m mēng la wiu kudre”. Ce qui signifie : “une longue vie demande beaucoup de prudence”. Le Burkinabè a fait sienne cette maxime. En dépit de son sens de l’hospitalité et de sa bienveillance à toute épreuve, la vie d’un Burkinabè tourne toujours autour de sa communauté. (Famille, église, mosquée…) Pour lui, tant que sa communauté se porte bien, il va bien aussi. L’individualité prend rarement le dessus sur la collectivité.
Mais c’est à l’étranger que le Burkinabè se fait toujours remarquer par son caractère pour le moins mystérieux. Il fait profil bas, fait attention à ses fréquentations, et développe un sens aigu de l’honneur. À force de côtoyer, remarquer ou discuter avec des compatriotes vivant à l’étranger, il y a un seul mot qui me revient toujours : INTÉGRITÉ. Au pays, nos prisons sont pleines à craquer ( de prisonniers Burkinabè bien évidemment), mais on entend rarement qu’un compatriote serait détenu dans un pays étranger pour des faits de banditisme. Les Burkinabè peuvent s’autoriser tous les vices quand ils sont chez eux. Mais une fois en WE-LOOGRE (expatriation), ils se tiennent à carreaux. Comme le dit un adage moaaga : “si tu arrives dans une localité, et tu trouves que tout le monde marche avec sa tête, toi aussi, fais pareil”. Ils sont aussi conscients qu’ils sont chacun à titre individuel des ambassadeurs de leur pays, de leur village, et surtout de leur famille, donc ils ne seront pas les seuls à subir les conséquences si jamais ils commettent des méfaits dans leurs pays d’accueil. Cela n’empêche pas dans de rares cas, certains de commettre quand même des délits, mais d’une manière générale, le Burkinabè est apprécié pour son attitude irréprochable.
En un mot, le Burkinabè est sans nul doute l’équivalent africain du japonais (la discipline en moins). Il tient à son honneur et à son intégrité.
Si vous êtes Burkinabè, ou avez fréquenté des Burkinabè, dites moi ce que vous pensez et ce que vous retenez du temps que vous avez passé avec eux. N’hésitez pas à laisser un commentaire.
Wallah que tout est vrai. On les autres ne nous comprennent pas. Hahahahaha
RépondreSupprimerEt pourtant on est pas si compliqué 😂
SupprimerEn 2012 j'avais un Burkinabè comme voisin de palier. Le gars me vouvoyais alors qu'il était plus âgé et plus élevé socialement que moi. Cet article m'a permis de comprendre un peu plus qui vous êtes.
RépondreSupprimerEffectivement, nous avons une tendance naturelle à donner du respect à tout le monde. Ce qui peut être interprété par certains comme une façon de mettre les autre à distance.
SupprimerJe n’ai jamais été au Burkina, mais pour les Burkinabè qui vivent chez nous ici au Gabon, c’est vrai qu’ils sont très réservés et méfiants.
RépondreSupprimerCe n'est pas de la méfiance. C'est plutôt notre façon à nous de vous donner du respect.
SupprimerIl est vrai que les Burkinabè font profil à l’étranger. Mais je ne suis pas totalement d’accord sur le fait que certains à Ouaga ne s’intègrent pas dans leur quartier. Je dirais que la plupart des gens le font aussi facilement que les étrangers dont vous parler.
RépondreSupprimerOui, bien évidemment, je ne généralise pas. J'ai juste voulu souligner le fait que nous aimions rester dans notre zone de confort
SupprimerJ'ailu, j'ai apprécié. Rien n'est exagéré. Ma partie préférée c'est la référence au japonais la disciplineen moin🤤. Ça seulement c'est nous🤣🤣🤣.Merci beaucoup pour le partage. Je viens de connaître ce blog. Et on dirait que je viendrai souvent lire.
RépondreSupprimerBonne continuation.
Merci beaucoup à vous. Content que ça vous plaise
SupprimerJe vais dire la vérité, avant de lire ça, je pensais que les Burkinabè étaient des gens qui n’aiment pas se mélanger.
RépondreSupprimerPas du tout; et si vous avez remarqué, une fois qu'un Burkinabè sympathise avec vous, c'est pour toujours. Nous aimons juste prendre notre temps.
SupprimerUn des rares pays à avoir abandonné le nom hérité du colon, et qui a, librement, choisi de s'appeler Burkina Faso (la Patrie des honnêtes Hommes/ le pays des Hommes intègres).
RépondreSupprimerComme le souligne l'article, cela ne veut bien évidemment pas dire que l'intégrité est l'apanage exclusif des Burkinabè, ni que 100% des Burkinabè sont intègres. L'article le dit: au Burkina Faso, comme partout ailleurs, on trouve des voleurs, des arnaqueurs, des gens de petite vertu, et même des assassins. Seulement, il faut comprendre que nous avons librement choisi de se retrouver autour de cette valeur, et bien plus que d'autres, ce choix nous oblige. Tout simplement. Paix à tous.
Vous avez tout dit. 😍 😍 🧡
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