Que signifie ce mot en 2023 ? Qui sont ceux qui revendiquent non sans fierté être des immatures ?
C’est un phénomène vieux comme le monde. Des personnes de tous âges et de tous horizons, qui acceptent de voir le monde comme ils le souhaitent, et non comme il est vraiment.
Au sens littéraire, “l’immaturité” désigne un comportement qui manque de discernement; elle se manifeste par des actes infantiles ou puérils. Alors, vu sous cet angle là, les immatures sont des gens qui ne méritent l'attention de personne. Ils doivent être ignorés, et condamnés à se noyer dans la mare nauséabonde de leur propre médiocrité, c’est là où est leur place. Faire une place à ces gens revient à mettre le reste de l’humanité en situation de péril. Dans cette situation, les rôles pourraient s’inverser; et comme l’a dit le grand Edward Bunker, “Faire courir des risques inutiles à sa propre existence est un signe d’immaturité”.
Mais pourquoi tant de personnes non seulement assument, mais revendiquent fièrement d’être des “immatures” ? La réponse est simple, ce mot a changé de définition depuis peu. Et cette redéfinition nous vient tout droit du pays de ceux qui savent se détendre. Il s’agit de nos amis les IVOIRIENS. Avec leur sens de l’humour imparable, et leur joie de vivre à toute épreuve. Ce peuple sans égal nous a convaincu de la nécessité d’être fier de ce qu’on est, peu importe les qu’en dira-t-on. D'où le mot “IMMATURE”.
En 2023, être immature, n’est pas seulement une insulte (ce ne l’est plus vraiment d’ailleurs). C’est un art de vivre. Un choix; que dis-je ? Un style de vie. C’est une décision de voir le verre à moitié plein, une hymne à l’humain dans toutes ses composantes. Bien évidemment, les Ivoiriens n’ont pas inventé la bonne humeur… mais ils ont réussi à trouver le mot juste pour magnifier cette manière d’apprécier la vie, avec une subtilité qu’eux seuls connaissent le secret. Et rien que pour cela, nous devons leur rendre hommage.
Aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux, les immatures sont des amuseurs publics. Quotidiennement, ce sont des contenus humoristiques (humour douteux parfois) totalement amateurs qui détendent nos journées, et nous font oublier la triste réalité de nos vies. Ils tournent tout en dérision, même certaines des situations les plus graves. Sur Facebook par exemple, deux groupes de jeunes Burkinabè se chamaillent (amicalement) tous les jours avec beaucoup d’humour sur un sujet assez préoccupant: le féminisme. Le premier groupe se fait appeler les “féodaux”. Entendez par là, des conservateurs encore attachés aux bonnes vieilles méthodes de nos parents sur leur façon de gérer leurs couples et leurs familles. L’autre groupe, ce sont les “gentlemen”. Eux se font passer pour des jeunes de leur temps. Ouverts d’esprit, et profondément féministes. Un non initié se révolterait en suivant leurs débats. Mais ces jeunes contribuent à leur manière dans le combat pour le féminisme quoi qu’on dise.
D’autres se souviendront toujours de ce célèbre message audio qui dit: “pour les conseils, reviens le lundi matin. On ne donne pas de conseils le week-end” en d’autres termes, les (soit disant) “matures” devraient éviter de vouloir donner des leçons de vie aux autres tout le temps. C’est subtil, et monstrueusement drôle.
Finalement, je dirais que ce phénomène aussi vieux que le monde bien que amplifié par les réseaux sociaux n’est rien d’autre qu’une sorte de contrepoids face à la réalité cruelle de notre existence. Et que peut-on reprocher à des gens qui choisissent de voir la vie du bon côté, alors que nous sommes quotidiennement envahis par plusieurs bonnes raisons de déprimer ou de tout foutre en l’air ?
Quoiqu’il en soit, on est tous l’immature de quelqu’un. Alors, si vous pensez être mature, un petit conseil, N’EN SOYEZ PAS SI SÛR.