Le 8 mars est reconnu internationalement comme la Journée internationale des droits des femmes, ou plus communément appelée la Journée internationale de la femme. C’est une journée dédiée à célébrer les réalisations des femmes à travers l’histoire et à travers le monde, et c’est aussi une occasion de mettre en lumière les inégalités et les défis auxquels les femmes continuent de faire face.
Dans un monde où l’on dit aux femmes : “Non, tu ne peux pas posséder de terre, tu es une femme. Non, tu n’as pas le droit de hausser le ton, même face à l’injustice, tu es une femme. Tais-toi et reste digne. Non, tu ne peux pas prendre tes propres décisions, tu n’es qu’une femme”, il est clair que le combat pour l’égalité des sexes est loin d’être terminé. Ces mots, toutes les femmes les ont déjà entendus, et ré entendus. Dire que c’est ce que la plupart d’entre elles entendent quotidiennement serait un euphémisme. À cela s’ajoute le sexisme et la misogynie banalisés qu’elles subissent depuis toujours.
Les cas de discrimination, de harcèlement, de violences, d’excisions, de viols dont elles sont presque les seules à subir depuis la nuit des temps sont loin d’etre vaincus. Et quand on pense avoir fait un pas en avant, certains comportements, sous couvert de tradition ou de religion, nous ramènent deux pas en arrière. Récemment, en Gambie, un député du nom de Almameh GIBBA a introduit au parlement un projet de loi visant à réinstaurer l’excision. Ce retour au Moyen Âge est la preuve, s’il en fallait une, que non seulement il reste encore du chemin à parcourir, mais que rien, absolument rien, n’est acquis.
En Afrique, et plus particulièrement au sud du Sahara, la vague #metoo n’a pas atteint nos rivages. C’est à croire que chez nous, il n’existe ni discrimination basée sur le genre, ni harcèlement, encore moins de viol. #Metoo a fait trembler les hommes puissants de la planète, sauf en Afrique et au Moyen-Orient. Pourtant, il n’y a pas de quoi se réjouir. Dans nos contrées, la puissante omniprésence du patriarcat à tous les niveaux de la société, sous couvert de tradition ou de religion, rend inaudible les voix féministes. Les femmes sont toujours les premières victimes des crises économiques et des guerres. Une pensée particulière aux femmes Sahéliennes soumises au violences terroristes, aux femmes du Congo qui depuis des décennies ne font que tenter de survivre aux viols et aux tueries de masse. Le traumatisme psychologique et physiologique de ces années de souffrance est non seulement irréparable mais aura aussi des conséquences sur les générations à venir, si jamais il y’a AVENIR.
Des femmes dans le camp de Kibati au Congo Image REUTERS/ Libération |
Et comment oublier ces femmes palestiniennes triplement dominées et doublement victimes qui, malgré les bombes et l'omniprésence de la mort, ne baissent pas les bras, et se battent dignement pour protéger et nourrir leurs enfants face à la barbarie inqualifiable qu’elles subissent.
Une manifestation de femmes palestinienne |
Nos pouvoirs publics servent-ils juste à prononcer des banalités affectueuses à l’égard des femmes le jour du 8 mars, et les oublier tout le reste de l’année ? Et nous, population ; servons-nous juste à manifester notre désapprobation à chaque fois que les souffrances d’une femme sont rendues publiques, puis à nous taire pour répéter les mêmes propos au prochain scandale ? Oui, beaucoup de choses ont été faites, mais il reste encore du chemin à parcourir. Le taux de scolarisation des filles a explosé, mais combien continuent jusqu’au collège, au lycée, ou à l’université ? Les petites victoires du féminisme ne doivent pas être considérées comme des acquis, c’est de là que naît la régression. Il faut accentuer les sensibilisations, encourager et mettre en valeur les initiatives des féministes. Il est aussi nécessaire de créer des espaces sûrs, encourageants et stimulants pour que les femmes puissent participer à des discussions politiques, des tables rondes, des groupes de discussion, des campagnes, etc. Surtout, elles doivent être incluses dans toutes les initiatives populaires et prendre en compte leurs besoins, leurs expériences, leurs ambitions, leurs projets et travailler à leur mise en œuvre. Il faut accorder aux femmes la possibilité et le pouvoir d’explorer et de repousser leurs limites; Il est inadmissible que le monde continue naïvement de se priver du potentiel inestimable de la moitié de la race humaine.
Malgré cet environnement boueux, beaucoup de jeunes femmes se sont mises sur les traces de leurs aînées. Pour elles, il n’est pas question de baisser les bras ni de céder au fatalisme. Elles sont animées d’un courage et d’une détermination sans faille. C’est le cas de Farida TIEMTORÉ: Juriste et blogueuse, elle est la fondatrice du collectif Les Héroïnes du Faso. Un réseau de jeunes femmes engagées, qui utilisent les nouvelles technologies pour mener la lutte. De la lutte contre les discriminations basées sur le genre à celle contre les maladies infectieuses et de la santé sexuelle et reproductive, l’engagement de Farida n’a aucune limite.
Farida TIEMTORE : Juriste et Féministe engagée pour la cause de la femme et de la jeune fille Image twitter (X) |
Dans le même esprit, Léopoldine YE, une athlète et jeune architecte de 23 ans, fait preuve d’une détermination hors du commun. Elle nourrit l’ambition de porter haut le drapeau de son pays, le Burkina Faso, aux Jeux Olympiques de Paris 2024 cet été. Sa spécialité ? Le tour de piste de 400 mètres. Coincée entre le travail et les entraînements, elle doit améliorer ses records pour atteindre le niveau de performance requis. Mais Léopoldine est déterminée à relever ce défi, et il ne fait aucun doute qu’elle y parviendra.
Léopoldine YE : Athlète et Architecte Image Instagram |
Des femmes comme Léopoldine et Farida, elles sont partout, dans toutes les couches sociales. Elles sont nos mères, nos épouses, nos sœurs, et il n’y a aucune raison qu’elles soient dans l’ombre d’un homme, ou les victimes d’une quelconque tradition ou religion. Il est temps que nous comprenions tous, que le vrai changement, cet idéal auquel nous aspirons tous, viendra des femmes.